Livraison (délit)

Ce matin, mes gars ont terminée la Shelby GT500 de monsieur Kendal. Cette voiture est arrivée à la Hot Rod Factory sur un camion plateau avec seulement dix miles au compteur. Le cahier des charges était simple, il fallait qu’elle soit plus performante et plus bestiale. Après la modification en profondeur des trains roulants, le paramétrage complet de la cartographie moteur et le changement de quelques pièces plus pointues dans le bloc, il ne restait plus qu’à renforcer la caisse avec un arceau. La sécurité du pilote n’est pas en reste avec des baquets de compétition et des harnais cinq points. Avec tout ce qui a été fait dessus, elle surclasse largement une GT500 de série ou une Corvette ZR1. Ce n’est plus une voiture mais un missile balistique. J’ai fait les tests routiers en fin de matinée et j’ai été conquis par ce nouveau monstre issu de mon atelier hotrod.

Mais à mon retour, j’ai appris une mauvaise nouvelle. Un petit gang de tuneur de Wakefield cherche à frapper un grand coup en piquant cette caisse pour se faire remarquer et essayer de se faire un nom. Ils sont ambitieux à vouloir rivaliser avec les 66ers ou les Flamz-Up mais cette fois ce n’est pas ma voiture et il faut que j’avertisse mon client. Il va falloir qu’on s’occupe plus tard de leur cas à ces tocards parce qu’un gang qui cherche à nuire au mien ne me donne pas envie de fermer les yeux. D’après les infos qui circulent, ils veulent cette voiture pour montrer qu’ils sont plus forts que nous et ensuite pour la revendre en pièces détachées.

S’ils avaient des vues sur ma Camaro noire ou ma Charger 500, on aurait fait une descente sur leur territoire pour les mater une bonne fois pour toute, comme avec les Latinos qui ont piqué une fois la voiture d’Andy. Mais cette fois, je vais juste me contenter de la faire livrer par mes gars si mon client consent à allonger un peu le prix pour le risque que nous allons prendre.

Juste avant la pause de midi, je retourne à mon bureau alors que la Shelby est retournée à l’abri dans l’atelier. Je n’ai pas envie qu’elle disparaisse du parking. Je m’installe dans mon fauteuil et sors mon répertoire. Je passe les pages jusqu’à la lettre K et appelle Mike Kendal avec le téléphone sans fil de mon bureau. C’est un bon client, mais pas encore au point de lui donner mon numéro de téléphone personnel. Il décroche à la deuxième sonnerie et s’annonce.

Mike Kendal.

Bonjour monsieur Kendal, Coddy McQuarters à l’appareil.

Monsieur McQuarters ! Je suis content de vous entendre, ma GT500 est prête ?

Mes gars l’ont finie ce matin et je viens de faire les tests, pour un peu je la garderais pour moi.

Ma phrase le fait rire tandis que je continue à lui parler. Malheureusement son rire s’arrête bien vite lorsque je lui parle du gang de Wakefield.

J’ai un problème pour la livraison. Il semblerait qu’un gang cherche à voler votre Shelby pendant la livraison. Je ne sais pas si mes gars pourront assurer la livraison.

Je ne tiens pas à me faire braquer quand que je l’aurais.

Ils cherchent à nuire à mon garage, ils ne voudront plus toucher à votre voiture une fois chez vous.

D’accord, je vous crois… le monde des affaires est parfois cruel. Combien pour la faire livrer ?

Heu… 2 000$.

Vous n’y allez pas de main morte ! 1 000$.

Je vais être obligé de prendre des renforts. A 1 800$ c’est jouable.

On ne va pas tourner autour du pot, je suis prêt à monter à 1 500$ si elle est livrée avant ce soir.

Vous l’aurez.

A ce soir alors.

Au revoir.

Je raccroche, il faut que je prépare la livraison. Je laisse les gars manger tranquille et j’en profite pour aller manger un bout avec Harry dans le petit restaurant au coin de la rue. Alors que nous marchons en direction du restau, je réfléchis à la meilleure manière de livrer la Shelby. Je peux très bien la conduire avec des 66ers qui m’escortent, mais c’est risquer de se faire cartonner et vu le prix de cette voiture, je ne préfère pas prendre le risque. Malheureusement, elle est devenue trop voyante pour la livrer comme ça. L’autre solution est de la monter sur le camion plateau, de la sangler comme il faut et de la bâcher ensuite pour la cacher des regards indiscrets. Seul soucis, je n’ai pas le permis qui me permet de conduire ce camion. Je peux prendre la dépanneuse mais pas ce camion. Avec toutes les conneries que j’ai faites sur la route avec mes voitures, je n’ai pas envie de me faire verbaliser pour défaut de permis de conduire, surtout au volant d’un véhicule appartenant à mon entreprise. Par contre, je peux très bien piloter une des voitures d’escorte, ma Charger 500 ferait une très bonne voiture pour ce job.

Pendant le repas, je profite de l’expertise d’ancien flic d’Harry pour mettre sur pieds la livraison. Nous décidons de prendre la deuxième option avec quatre voitures d’escorte pour couvrir le camion et son précieux chargement. Alors que nous remontons au restaurant, j’ai déjà décidé de prendre ma Charger 500 au lieu de ma Camaro grise. Je préfère avoir un gros Hemi de 800 chevaux sous le capot dans un gros muscle car bien stable, qu’un petit LS3 de 450 chevaux dans une petite pony car, en cas de besoin. Avec le pickup d’un de mes gars en couverture et les deux Impala des frères Earl, ça fera une bonne escorte bien lourde, surtout avec un tireur dans chaque bagnole pour accompagner le chauffeur.

Une heure plus tard, ma Charger a le nez pointé vers le portail, la GT500 bâchée est solidement fixée au plateau et les trois autres véhicules d’escorte sont prêts au départ. J’espère que ce déploiement de force suffira à dissuader ces enculés de s’en prendre à nous. Avant de partir, je rappelle quelques consignes importantes.

Bon, personne ne déconne et ne perds de vue l’objectif. Amener cette caisse sans égratignure à son proprio. Si on se fait attaquer, on se défend, s’ils se cassent on ne les prend pas en chasse. La priorité est de protéger la Shelby. On s’occupera d’eux plus tard… En voiture.

Je m’installe dans mon baquet alors que Tommy en fait autant, flingue en main, dans le baquet passager de ma Charger. Les autres montent en voiture aussi et Harry, dans le camion, donne le signal du départ à la radio. Je passe la première et quitte le parking en gardant un œil dans le rétro, une des Impala s’est intercalée entre le camion et moi, tandis que l’autre est derrière le camion et que le truck ferme la marche. Je passe encore quelques consignes à la radio, la tension est montée de plusieurs crans, tout le monde sait que nous risquons assez gros sur ce coup.

Faites bien gaffe à tout ! Signalez aux autres la moindre caisse modifiée.

Le début du trajet se passe comme sur des roulettes mais je reste attentif à tout. Ma concentration sur les voitures autour de nous est totale. Alors que nous passons devant une ruelle, ma vision périphérique accroche un mouvement, mais le temps que je m’en rende compte et tourne la tête, j’ai déjà trop avancé pour identifier la menace qui se profile. Avant que j’aie eu le temps de dire quoi que ce soit à la radio, un tracteur de semi-remorque déboule comme un sauvage de la ruelle et percute de plein fouet l’Impala qui roulait devant notre camion.

Harry écrase le champignon, tape l’arrière du tracteur et le fait pivoter d’un demi-tour tandis que je pile comme un dingue pour aller voir les deux gars dans l’Impala. J’enclenche la marche arrière et écrase l’accélérateur, propulsant ma Charger à ras du tracteur. Le chauffeur ne regarde pas avant de descendre pour achever mes gars et saute à terre juste au moment où j’arrive et où trois voitures de leur gang débouche en trombe de la ruelle au cul du pickup. Je n’ai pas le temps de l’éviter ou de faire quoi que ce soit et je le heurte de plein fouet, l’envoyant voler plusieurs mètres plus loin.

Lorsque je m’arrête, sa position me donne à penser qu’il est mort ou presque. Je ne m’intéresse pas plus à lui et demande des nouvelles de mes gars. L’arceau les a sauvés mais ils vont devoir certainement passer par l’hosto. Je repasse la première et repars après notre camion et ce qui reste de notre escorte. Harry fonce tout droit sur le boulevard tandis que l’Impala et le truck se placent en couverture pour les empêcher de venir au contact du camion. Je refais mon retard rapidement et me retrouve derrière les trois bagnoles de nos agresseurs. J’envoie valser la première dans un pot de fleur en béton en attrapant son aile arrière et en la déséquilibrant. Tommy s’occupe de la deuxième avec son fusil à pompe lorsque je me remets en ligne droite. La vitre arrière de la voiture explose sous l’impact et la deuxième cartouche fait un carton dans la tronche du passager. Le conducteur, aspergé du sang de son pote perds le contrôle de sa caisse, évite de peu la dernière voiture et s’écrase dans les voitures en stationnement. Le dernier préfère se barrer et nous laisser tranquilles.

Harry ralentit et je reprends ma place en tête alors que l’Impala se remet entre le truck et le camion plateau. A la radio, de bonne nouvelles nous arrivent. Les secours sont prévenus et arriverons bientôt. Le domicile de Mike Kendal nous attend et nous y arrivons un quart d’heure après l’embuscade. Harry manœuvre en marche arrière dans l’allée de mon client tandis que nous garons nos voitures dans la rue.

Dix minutes plus tard, nous repartons sans la GT500 et avec 1 500$ pour la livraison. Nous retournons au garage pour changer de véhicules et je retourne avec Joe Earl voir son frère au volant de ma Camaro de 69 grise. Lorsque nous arrivons sur les lieux de l’embuscade, les secours sont en train de finir de sortir le frère de Joe de l’Impala tandis que son tireur est dans l’ambulance en partance pour l’hosto. Le tuneur de l’autre gang est déjà dans un sac à viande dans le fourgon du coroner. J’ai fait un strike sans le vouloir avec ce con, je vais être obligé de redresser de la tôle et le pare chocs puis de changer un feu. Tant pis. Alors que les flics questionnent un peu tout le monde, j’appelle Jerry à la casse pour qu’il vienne avec le camion plateau de la casse pour emmener la carcasse de l’Impala. Celui du garage est un peu trop lié à ce crash pour le ramener ici et maintenant.

Un flic viens me questionner, j’ai bien fait de changer de voiture avant de revenir sur les lieux. Ma Camaro est immaculée, heureusement.

Que faites-vous ici et qui êtes vous ?

Je suis Coddy McQuarters. Le propriétaire de l’Impala travaille pour moi.

D’accord. Vous savez ce qui c’est passé ici ?

Pas du tout, il a appelé son frère qui bosse aussi pour moi et j’ai servi de chauffeur.

D’accord, restez dans le coin.

Joe passe aussi à l’interrogatoire mais ne donne pas plus d’infos que moi. On a eu chaud sur ce coup et je pense qu’on n’a pas volé la prime de risque. En tout cas, mes gars ont été aussi pros que possible et j’en suis content.

Code:: Gains : 1 500$

Modification gain :

Il vaut légèrement plus a mon gout.

3 000$

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