Je viens réclamer mon dû

A vrai dire, en dépensant une certaine somme pour se payer une dizaine de billets de la fameuse tombola organisée par le casino Diamond Midnight, Jack ne s'attendait pas forcément à gagner quelque chose en retour. Mais le jeune chef des Flamz-up avait toujours eu une chance de cocu. Et puis, c'était encore une façon de provoquer Coddy McQuarters en prouvant qu'il pouvait s'immiscer un peu partout.

Pourtant, le fait d'avoir gagné un bon d'achat à dépenser dans les ateliers de Trinity Performance n'avait pas été le soucis principal de Jack pour le motiver à passer faire un tour sur le territoire de son rival - et, ironie du sort, son ancienne propriété. En fait, la dernière course que Coddy et lui avaient disputé n'avait satisfait aucun d'entre eux. Ce n'était pas la première fois que les deux ne parvenaient pas à se départager. Mais un jour ou l'autre, il faudrait bien qu'un vainqueur émerge de cette histoire.

C'était surtout pour relancer Coddy que Jack était venu ce jour-là. Néanmoins, il allait profiter de l'occasion pour faire valoir son prix...

Jack était donc arrivé en milieu de matinée, accompagné de l'un de ses gars les plus fidèles, Hermann. Bien que la notion de fidélité ait pour Jack un sens plus difficile à définir aujourd'hui, après le départ du gang de Coddy, alors qu'à l'époque Jack le voyait comme l'homme le plus loyal des Flamz-up. Quoiqu'il en soit, s'ils s'étaient amenés à deux, ce n'était pas parce que Jack avait peur d'affronter le regard des 66ers seul, mais surtout parce que la Lamborghini avec laquelle il était venu n'allait pas rentrer toute seule à la villa. Et d'ailleurs, lorsqu'ils arrivèrent devant le garage, Jack demanda à Hermann de le laisser.

C'est donc seul que Jack s'avança vers le bâtiment, qui avait bien changé depuis que Coddy en avait fait l'acquisition. Néanmoins, Jack pouvait y reconnaître le bâtiment où les souvenirs de toute une partie de sa vie lui restaient. Ses débuts à Trinity comme mécano, puis la prise d'indépendance par rapport à son frère, sa relation avec Kira, et son acquisition du garage... il se remémora aussi sa première rencontre avec Coddy, lorsque ce dernier n'était qu'un employé, exactement comme Jack avait débuté.
Voilà qu'il devenait nostalgique... chassant ces pensées de son esprit, Jack arriva dans le hall, regardant autour de lui alors que certains employés l'avaient déjà remarqué, ne semblant pas s'attendre à cette visite, ni en être très heureux d'ailleurs.

- Hey, les gars, je cherche Coddy. Il est ici ?

Si ça se trouve, non. Tant pis, dans ce cas Jack achèterait sa nouvelle bagnole et trouverait une autre occasion de relancer le chef des 66ers. Mais il aurait préféré avoir directement affaire à Coddy... rien que pour voir ce que ça faisait, de se faire servir par son rival, comme si Jack n'était qu'un client comme tous les autres.

Un de mes mécanos accueille Jack avec un comportement aussi neutre que possible. Il respecte mes consignes qui sont de limiter l'affrontement avec les Flamz-Up à la piste. Je ne tiens pas à ce que la rivalité en vienne au point de sortir les armes mais je n'hésiterais pas à répliquer si ça deviens le cas. Il s'approche de Jack en se frottant les mains avec le chiffon qu'il avait à moitié enfoncé dans la poche arrière de son bleu de travail.

Salut Jack, il n'est pas là pour l'instant mais il ne devrait plus tarder. Il est partie tester le nouveau réglage du train arrière de sa Mustang.

Alors que mon employé accueille Jack, je reviens tout juste sur Hawthorn après un petit run solo au terrain vague. A la sortie de notre territoire, je croise la Lamborghini de Jack avec l'autre trou du cul d'Hermann au volant. Qu'est ce que ce connard arrogant est venu foutre chez nous? Je n'aime pas ça et le voir sortir de notre territoire me fait accélérer en direction de mon garage. Mon V8 gronde lorsque j'écrase l'accélérateur et ma Mustang fonce soudain dans les rues. J'espère qu'il n'est pas venu pour jouer au con sinon je me ferais un plaisir de le démolir. S'il a ouvert les hostilités, il en payera le prix.

J'arrive sur le parking du garage et tout semble normal lorsque je gare ma Mustang noire sur ma place de parking réservée. Le garage étant calme, je me focalise à nouveau sur ma Mustang et les derniers tests. Les nouveaux réglages du train arrière sont presque parfaits. Je quitte ma caisse après l'avoir verrouillée et entre dans l'atelier. Je bloque tout de suite en voyant Jack en train d'attendre. Qu'est ce qu'il vient foutre ici?

Tu t'es perdu Jack?

[Désolé du retard... mon premier RP depuis un moment, faut que je m'y refasse ^^]

Jack n'eut pas à attendre bien longtemps. Un mécano lui demanda de patienter, l'air tout à fait neutre. Un peu trop à vrai dire, Jack trouva son expression si fausse qu'elle en devenait assez comique. L'employé voulait sans doute éviter de faire une boulette qui foutrait la merde pour un moment entre les 66ers et les Flamz-up, déjà pas très copains. Mais Jack n'allait pas débarquer les armes à la main faire une descente en ces lieux... d'abord parce que ce garage avait une valeur sentimentale à ses yeux, ensuite parce qu'il préférait régler ses comptes sur la piste. Ce qui touche des gangs de tuneurs se règle par un run.

- Très bien eh bien je vais l'attendre.

Jack retira ses lunettes de soleil, puis commença à patienter, alors que les mécanos s'affairaient autour de lui. Il aurait même juré en voir certains faire semblant de faire quelque chose, histoire de faire croire à l'ancien proprio que c'était devenu du sérieux ici depuis son départ. Mon cul oui... Jack n'avait peut-être pas créé lui-même l'atelier Hot Rod, mais il avait su relancer le chiffre lorsqu'il était monté à la tête de cet endroit.

Quoiqu'il en soit, il n'eut pas à attendre très longtemps. Coddy ne tarda pas à arriver, balançant une petite vanne histoire d'annoncer la couleur de la discussion. Mais Jack ne se laissa pas décontenancer pour si peu, et s'avança vers son rival, sourire goguenard.

- Non, il me semble bien qu'ils ont indiqué l'atelier Trinity Performance... sur mon billet gagnant de la loterie. Je viens chercher mon dû. Cela dit, maintenant que tu m'y fais penser, j'ai failli confondre cet atelier avec le supermarché d'en face.

Bon, comme trait d'humour il avait fait mieux, mais il n'en avait rien à foutre au fond.

- En tout cas, c'est sympa à toi de pas m'avoir fait trop attendre. Bon, trêve de bavardages. J'ai droit à quatre mille dollars de bon d'achat dans tes ateliers, alors qu'est-ce que monsieur le propriétaire de Trinity Performance peut me proposer ?

Les mécanos autour d'eux ne perdaient pas une miette du spectacle. Comme au terrain de vague, mais en comité plus réduit. La discussion allait-elle dégénérer ? Jack semblait tout faire pour provoquer Coddy, mais il savait que celui-ci aurait besoin de plus que ça pour sortir de ses gonds.

- Quoi, c'est trop long ? Tu préfères que je t'appelle Judas ?

Je suis étonné qu'il ait acheté au moins un billet de la loterie que j'ai organisée au casino. Par contre, je me demande pourquoi il a fallut que ce soit mon pire ennemi sur la piste qui gagne le troisième prix de la tombola. De toute façon, avec un prix de 4000$, il n'ira pas loin. Ces vannes pourries sur mon garage ne me touchent pas, si Trinity Performance a pris autant d'importance que ça en ville, ce n'est pas grâce à lui. Quand je lui ai racheté le garage, il n'était rien de plus qu'un garage de quartier miteux tout juste apte à ravitailler en pièces les caisses des Flamz-Up. Je décide quand même de relever sa pique à propos de la façon de m'appeler.

Appelle moi comme tu veux, ça ne change rien au fait que je suis meilleur que toi sur la piste et qu'il te faut une caisse plus puissante que la mienne pour me battre.

Toujours cette rivalité entre nous qui a pris une autre proportion depuis que j'ai pris la tête des 66ers de Trinity City et là je met le doigt sur ce qui doit l'énerver le plus. Son incapacité à me battre en courant à armes égales. Sa seule victoire contre moi remonte au temps ou ma Camaro de 69 était encore en catégorie 3 et il courait avec sa Lamborghini. Je doit être le seul qui le tiens en échec comme ça et je dois avouer que j'adore ça. De plus, je suis mieux classer que lui en dragster et en courses illégales.

On continue à se vanner ou tu regarde ce que tu veux acheter?

[Je me suis gouré dans mon post précédent, le montant du prix était de 6000$ et pas 4000. Enfin, pour 2000$ ça n'a pas beaucoup d'importance mais bon ^^]

Même si Coddy faisait mine de s'en foutre, la petite pique lancée par Jack ne l'avait sans doute pas laissé indifférent, puisqu'il balança aussitôt une réplique destinée à le rabaisser.

Entendre Coddy dire cash qu'il était le meilleur fit mal aux oreilles de Jack, mais c'était loin de suffire à l'abattre. Coddy ne cessait de clamer haut et fort qu'il avait su battre une fois Jack à armes égales. Une course qui remontait à déjà quelques années. D'autant plus que cette course avait opposé plusieurs pilotes. Lorsque Jack et Coddy s'affrontaient à un contre un, il n'y avait pour l'instant jamais eu de vainqueur.

- Tu pourrais te vanter d'être meilleur que moi si t'arrivais à me battre un jour à un contre un. La dernière fois qu'on s'est croisés, j'ai pas vu ta caisse passer la ligne avant moi.

Jack savait bien que ça ne suffirait pas à faire taire Coddy, celui-là allait continuer à se vanter de l'exploit d'une vieille course aussi dénuée d'intérêt que son gang. Mais il prenait quand même du plaisir à vanter ses propres exploits, et rappeler à Coddy ce qui lui manquait pour se croire vraiment le meilleur.

- Rappelles-moi combien de temps t'as mit avant d'arriver à battre Kira sur la piste ? T'as dû t'y reprendre souvent pour arriver enfin à l'avoir. Par contre, je crois qu'il y a un type qui n'a jamais perdu contre elle. Qui c'est déjà ? Attends, oui, je crois que c'est moi.

Jack regrettait maintenant de ne pas s'être pointé avec la Corvette ZO6. D'ordinaire, il aimait la montrer lorsqu'il rappelait ses victoires sur l'ancienne bras droit de Coddy. Enfin, ça n'avait pas tellement d'importance. De toute façon, Coddy continuerait de se considérer comme le meilleur, et Jack en ferait autant de son côté. Comme de vrais gamins, en fait.
C'est pour cela qu'une nouvelle course serait la bienvenue pour les départager enfin. Mais c'était exactement ce que Jack pensait la dernière fois, et ils avaient encore fini ex aequo.

- Bon, allez, voyons ce qu'il y a dans ton supermarché.

Six mille dollars de bon d'achat, c'était très peu pour ce que Jack avait l'habitude d'acheter dans un garage. Mais bon, il tenait quand même à profiter de ce que Coddy pouvait lui offrir, l'occasion étant tellement rare. Il rajouterait le reste de sa poche. Même si en réalité, il pensait plus à sa revanche qu'à la prochaine caisse qui s'ajouterait à sa collection.

Jack peut dire ce qu'il veut, c'est vrai que Kira m'a tenu la dragée haute pendant un bon moment mais les classements parlent d'eux-mêmes... Je suis seul sur la première marche du podium et toutes ses vannes pourries n'y changeront rien. Je le regarde en hochant négativement la tête, on pourrait continuer des heures mais j'ai d'autres choses à faire plus importantes que d'écouter sa rancœur à mon encontre. S'il compte continuer comme ça, il le fera sans moi.

Je vois les gars commencer à s'intéresser un peu trop à notre échange. Si ça continue, ça risque de mal finir. Surtout avec la délicatesse et la patience légendaires d'Harry. Ce mec est un ours et serait bien capable de virer Jack à coups de pieds dans le cul si je ne l'arrête pas. Heureusement qu'il obéit aux ordres de son leader.

On dirait deux gamins à jouer à celui qui pisse le plus loin, un peu ridicule quand on connait nos ages mais deux compétiteurs comme nous ne vivent que pour la compétition et pour prouver que nous sommes les meilleurs. Si Jeff et Rob n'étaient pas venus pour me proposer de mener les 66ers de Trinity City, les Flamz-Up seraient toujours les rois de l'asphalte. Mais il faut avouer qu'ils sont un peu en perte de vitesse depuis quelques mois.

Je ne pense pas devoir te rappeler le classement, mais je vais le faire quand même, t'es derrière moi Jack! Maintenant si tu n'a rien d'autre à faire qu'à essayer de te convaincre que tu est meilleur que moi, j'ai un métier moi!

Je croise mes bras et soutiens son regard. Il est quand même gonflé de venir sur le territoire des 66ers pour me chauffer les oreilles. Si c'était un autre pilote, il aurait déjà pris mon poing dans la gueule et je l'aurais foutu dehors. Mais un pilote comme lui, même avec son arrogance, mérite un minimum de respect. Finalement nous ne sommes pas si différents l'un de l'autre, aucun n'aime voir l'autre devant.

Jack soutint également le regard du chef des 66ers. Sa remarque sur le classement arracha au chef des Flamz-up un grognement de dédain. C'est vrai, les statistiques plaçaient Coddy au-dessus pour le moment. Sauf que cette première place, il l'avait arrachée en l'absence de Jack, et pas en courant contre lui. Le classement disait bien ce qu'il voulait, mais pour Jack, Coddy avait cette place parce qu'il acceptait de courir contre n'importe qui.

- Facile de grimper dans la classement en battant des moins que rien qui n'ont aucune chance. Enfin, à l'occasion, on se recroisera sur la piste. Que t'ai enfin un adversaire que tu puisses pas battre à coup sûr. En attendant, fais donc ton métier.

Il avait voulu énerver Coddy, mais ce dernier lui avait rendu la pareille. En cet instant, son voeu le plus cher eut été de prouver une fois pour toutes à ce prétentieux qu'il était le vrai leader de l'asphalte. Quand Coddy était arrivé ici, Jack était déjà connu, alors que ce petit merdeux de la route 69 n'était qu'un moins que rien.
Mais c'était exactement la même situation quand Jack avait fait ses propres débuts... il ne pouvait nier qu'ils avaient des points communs. C'était bien pour cela qu'il haïssait Coddy, tout en le respectant.

Dissimulant sa colère, Jack décida de stopper ce petit jeu qui ne l'amusait plus. Stop à la provocation. C'étaient les choses sérieuses qui les départageraient. Et Jack savait ce qu'il voulait.

- Je veux un véhicule de dragster. Peu importe le prix, montre-moi ces putains de véhicules.

Coddy pouvait au moins, pour l'instant, se vanter d'être le meilleur en dragster. Jack n'était pas un habitué de ces courses, il avait échoué la seule fois qu'il avait affronté Coddy à ce petit jeu. Il n'avait pas retenté depuis... mais puisque Coddy avait décidé de lui voler la vedette dans sa ville, alors Jack allait le chasser sur son propre terrain. Quitte à s'entraîner jour et nuit pour maîtriser ce type d'épreuve.

Ce connard est aussi arrogant que moi, pas étonnant que chacune de nos rencontres fasse des étincelles depuis que les 66ers ont débarqués à Trinity City. Même si je n'avais pas pris leur tête, je pense que je n'aurais pas pu rester longtemps sous les ordres de Jack sous les couleurs des Flamz-Up. C'est peut être la marque des grands coureurs qui connaissent leur valeur, va savoir, en tout cas, on a mérité de pouvoir se considérer comme le meilleur, lui comme moi. Même si je suis devant sur les deux classements, il me talonne sur la course. Par contre, je suis toujours le meilleur en dragster et de loin. Je suis content de savoir qu'il veut acheter une caisse de dragster, s'il compte l'aligner au tournoi de dragster et que je doit l'affronter. Je ne sortirais peut être pas ma Charger R/T, mais certainement ma Camaro noire ou ma Charger 500, histoire de l'humilier pour de bon en le battant avec une caisse moins puissante que la sienne. Pour ça, je suis près à risquer d'avoir ma première défaite sur la piste de dragster de Trinity City.

Je lui montre la ligne d'expo où sont alignées les voitures préparées pour les courses de dragster. Ces caisses sont aussi rapides que l'est devenue ma Charger R/T, encore faut il savoir les manier et je doute que Jack ait assez d'expérience en se domaine pour piloter une caisse aussi puissante sur un 400m départ arrêté avec un temps correct. Je n'ai pas de soucis à me faire pour le dragster, ce n'est pas demain la veille que Jack Walston pourra se vanter d'être meilleur que moi sur ce terrain.

Elle sont là-bas, je pense que tu sais reconnaitre un dragster, quand tu sera décidé, appelle un vendeur pour finaliser la vente.

Coddy pouvait bien faire le malin, Jack s'en fichait pas mal. Ce n'était pas dit qu'il se risquerait maintenant dans le tournoi de dragster. Il n'avait pas tellement envie de donner l'occasion rêvée à Coddy de le ridiculiser en public. Mais il apprenait vite. Lors de la première et seule course de dragster qui les avait opposés, Coddy lui-même avait reconnu que Jack s'était bien battu. Bon, à l'époque ils étaient encore potes, et la prochaine fois, si Jack perdait à nouveau, Coddy allait surtout s'acharner à le descendre plus bas que terre. Voilà pourquoi Jack préférait se trouver d'autres adversaires avant, pour se faire la main. Affronter Coddy en dragster lui faisait comprendre ce que pouvait ressentir un débutant qui l'affrontait lui dans une course de rue. Et il ne ferait pas ce plaisir au chef des 66ers, il ne le laisserait pas perdurer dans cette idée de supériorité. Il affronterait Coddy à armes égales, dans un run classique.

En attendant, il était quand même là pour un véhicule de dragster. Se séparant de la compagnie de Judas, il alla observer de plus près les véhicules disponibles à la vente. Le choix était limité, mais il allait pas se plaindre, à moins de vouloir chercher encore plus la provocation.

Il s'arrêta devant la Ford, qu'il commença à examiner d'un regard plus approfondi. Ces caisses devaient vraiment envoyer sur la dragstrip, il avait bien envie de voir ça. Pour ça, faudrait qu'il l'essaye.

- Hey, toi, fit-il à un vendeur qui ne s'arrêta pas, n'appréciant apparemment pas sa façon de parler.

- Oh, machin... s'cuze j'ai oublié ton nom. Bon, cette bagnole, elle est dispo pour des essais ?

Le vendeur finit par se retourner, avec un profond soupir traduisant sa frustration de devoir éviter d'envoyer une bonne poire dans la figure du chef des Flamz-up. Poire qui retournerait aussitôt à son envoyeur si elle avait le malheur d'être lancée.

- Alors ?

Le vendeur trouve l'ancien propriétaire du garage bien sur de lui pour se permettre de parler comme ça sur le territoire d'un gang rival. Heureusement pour Jack, tous les employés de Trinity Performance ne sont pas des 66ers et ce vendeur est étranger aux affaires de rivalité entre les deux gangs. Ce n'est pas toujours facile d'avoir affaire à des clients aussi arrogants, surtout quand ils n'y connaissent pas grand chose. Et en demandant un essai d'une voiture de dragster, Jack expose clairement son ignorance à ce sujet. Ces voitures ne sont pas homologuées sur route et elles seront déplacées à la casse après achat. Avec la puissance que développent ces voitures, personne ne veut prendre le risque qu'un client plante un dragster avant de l'avoir acheté, surtout au prix qu'elles coutent.

Le vendeur reviens vers Jack en soupirant, après tout c'est un client et s'il achète une des voitures de dragster, cela va lui assurer une belle prime. Ca vaut bien la peine d'essuyer l'arrogance puante de son client.

Nous ne faisons pas essayer nos voitures, mais je peux vous assurer qu'elles sont toutes capables de descendre dans les six secondes au 400m départ arrêté. Une fois la voiture achetée, nous assurons le transport et le stockage à la casse pour un usage sur le dragstrip.

Il vient de lui expliquer les règles de vente des voitures de dragster en une seule phrase. C'est écrit sur un panonceau à l'entrée de la zone de stockage des dragster mais c'est toujours utile de rappeler le règlement aux clients, surtout avec des véhicules aussi particuliers que ceux-là.

Qu'un véhicule de dragster ne soit pas homologué pour la route, ça le chef des Flamz-up s'en doutait bien. Autant traverser la ville sur le dos d'un missile. Mais il aurait pu imaginer qu'il était possible de faire des essais sur la piste à la casse, par exemple. Vu la particularité de ces véhicules, qui devaient pas trouver un client tous les jours, Jack imaginait que ça aurait pu être mit en place. Mais bon, Coddy ne devait pas penser à tout... manque d'ingéniosité sans doute. Ou fainéantise, c'est vrai que c'était chiant de transporter un véhicule jusque-là-bas sans garantie que le client l'achète.
Enfin, ce qui ennuyait Jack à présent, c'était de pas avoir la certitude que cette caisse valait vraiment son prix.

- C'est bien gentil de m'en assurer, mais ça me donne pas pour autant l'assurance que cette caisse a vraiment tout ce qu'il faut sous le capot.

Logique qu'il ne veuille pas se faire avoir comme un bleu. Mais au fond, il n'imaginait pas Coddy arnaquer ses clients de la sorte. Ca ne correspondait pas à l'image qu'il se faisait de lui, même si Coddy avait déjà prouvé qu'on pouvait se tromper à son égard. Mais surtout, ça ferait pas une bonne pub pour Trinity Performance. D'autant plus que, même s'il ne le criait pas à haute voix, Jack n'avait jusqu'à présent jamais été déçu de ce qui sortait des ateliers de Coddy McQuarters.
Dans ces conditions, pourquoi faisait-il le chieur alors qu'au fond il savait que cette caisse avait tout ce qu'il faut ? Et qu'avec ça, il était capable de vérifier lui-même ce que les types avaient trafiqué dessus. La réponse semblait claire et simple, uniquement pour emmerder son monde.

- Bon, si je comprends bien je suis obligé de vous croire sur parole. Très bien. De toute façon, ce serait pas dans votre intérêt de faire mal votre job, hein ?

Tout en causant, Jack faisait le tour du véhicule. Le style était intéressant, la carrosserie avait été retapée et cette caisse avait vraiment de l'allure, mais il aurait quand même bien aimé regarder sous le capot.

- Bon, assez causé... combien ?

C'était le moment pour cet employé qui avait su se montrer calme devant un client exigent. Il allait pouvoir signer la vente de cette Ford Fairlane 500 1966, et toucher une belle prime sans trop de difficulté. On dit merci à Jack.

Alors que mon vendeur est occupé avec Jack, je met les mains dans le moteur d'une Dodge Polara tout en gardant un œil sur les deux. Je n'ai pas envie que mon employé joue au con avec le chef des Flamz-Up. La situation est déjà assez compliquée comme ça. En tout cas, si Jack veut se mettre au dragster, il va devoir s'accrocher pendant un bon moment avant d'arriver à rivaliser avec moi. J'ai appris à gérer mes accélérations sur des runs de 400m et j'ai, dans mon garage, probablement ce qui se fait de mieux dans ce registre.

Le vendeur regarde la fiche technique de la voiture et annonce le prix de 106000$ à Jack. Cette caisse n'est pas donnée, mais vu le travail fait dessus et le temps qu'elle est capable d'abattre sur un quart de mile, c'est parfaitement justifié. Niveau performances, elle doit être à peu prêt équivalente à ma Charger R/T et si je ne méfie pas, Jack pourrait devenir un sérieux client en dragster, comme sur la piste. Mais je ne compte pas me laisser faire, s'il veux la première place, il faudra qu'il vienne la chercher.

En attendant que Jack se décide à acheter la Fairlane, je discute un peu avec Harry pour calmer le jeu. Je ne tiens pas à ce que cet ersatz d'ours mal léché se rebiffe contre lui et envenime nos rapports déjà tendus avec les Flamz-Up. Je tiens à ce que cette rivalité s'en tienne à la piste et qu'on évite de se taper sur la gueule en dehors.

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