Is that enough?

Le patron m'a offert la place mais il faut que je fasse mes preuves d'abord. Ca va être facile puisque je vais fabriquer cette bécane suivant mes gouts et mes besoins. Il me faut une bécane confortable avec une autonomie pas dégueulasse. En clair je m'oriente vers un cadre softail traité façon fatboy. Coddy me fait un sacré cadeau avec son marché. Je ne suis pas prêt de pouvoir m'offrir la bécane que je vais construire.

J'ai vu avec Harry pour les pièces en stock, mes prédécesseurs ont fait les choses bien avec un choix de phares, de garde-boue assez conséquent. Pour la peinture, il faut que je vois avec un certain Andy si je veux le meilleur résultat possible. Je sens que je vais me plaire à bosser dans cette structure.

Heureusement pour moi, j'ai déjà en stock un cadre softail prêt à servir. Il est déjà peint en noir en plus, ça m'arrange vu que je veux une bécane toute en noir et chromes. C'est comme ça que j'aime mes deux-roues.

Les deux premiers jours sont passés à la liste des pièces, il ne va me manquer qu'une transmission primaire qu'Harry me fait commander chez S&S pour aller avec le moteur qu'on a en stock. Ce qui va me prendre le plus de temps, c'est l'échappement que je vais devoir faire sur mesure et le réservoir que je compte bien modifier pour augmenter la capacité en carburant. Même pour les jantes, j'ai trouvé mon bonheur dans le stock. Si j'arrive à sortir ce que j'ai en tête, cette meule sera magnifique.

A la fin de la première semaine, le premier montage est presque terminé et j'ai attaqué la ligne d'échappement. Je préfère éviter le collecteur 2 en 1 pour privilégier les deux tubes parallèles sur la dernière section avec une jonction en H pour équilibrer les flux. Le moteur S&S va pouvoir délivrer toute sa puissance dans un bruit d'enfer avec cet échappement.

Une fois la ligne soudée, je m'attaque au démontage et au triage des pièces. Certaines vont partir à la peinture, d'autres au chromage mais je sais déjà à quoi va ressembler cette moto une fois finie et je n'ai pas raté mon coup. Sur la peinture noire, la visserie polie que j'ai prévue sera terrible, j'ai hâte de la terminer mais il va falloir que j'attende que les pièces reviennent de la peinture et du chromage.

Je suis en train de fumer une clope assis sur une caisse à l'entrée de l'atelier alors qu'un camion de livraison entre sur le parking. Andy m'a déjà peint mes pièces et ce camion me ramène mes pièces chromées. Je vais enfin pouvoir terminer ma meule et ce n'est pas trop tôt car il ne me reste plus que quatre jours pour respecter le délai imposé par Coddy. Il ne faut pas que je rate mon coup.

Une fois les pièces déchargées dans l'atelier, je signe le bon et commence le déballage. Le chromage est parfait, Harry m'a donné une bonne adresse. Ce n'est pas étonnant que la Hot Rod Factory bosse avec ce chromeur, le taf est nickel. C'est parfait pour ma bécane.

A quelques heures du couperet, je termine le montage et commence à remplir les fluides sans oublier de purger les circuits de freins. Cette bécane va être trop lourde pour l'arrêter sans freins, je n'ai pas intérêt à me rater. Une fois tous les pleins faits, je recule un peu de la plateforme pour admirer la bécane. Je suis content de mon taf, reste à savoir si elle sera aussi belle une fois que j'aurais descendue la moto au sol et si elle plaira à mon patron.

Le moment fatidique est arrivé, celui ou je vais démarrer le V2 pour la première fois. Je descends le pont et enfourche la bécane. La position de conduite est parfaite pour moi, ce n'était pas gagné en prenant les mesures sans la selle définitive. Contact... Starter... j'appuie sur le démarreur et le bicylindre S&S s'ébroue en pétaradant. J'ai envie d'aller la tester mais il faut d'abord que Coddy la voit. Je la descend du pont et la conduit sur le parking en mettant quelques coups de gaz pour annoncer la naissance de ce custom à tout le monde. Je pense que Coddy va comprendre le message et pointer le bout de son nez pour venir regarder le travail.

Is that enough? Motofront

Je suis en train de bosser sur une Ford Starliner avec Harry lorsqu'un V2 Harley se met à gueuler dans l'atelier à coté. Kowalski a terminé la bécane et je l'entends la sortir sur le parking alors que je m'essuie les mains dans un chiffon avant de le déposer sur ma servante d'atelier. Je vais enfin savoir si Trinity Choppers va pouvoir ouvrir à nouveau et j'espère, cette fois, pour de bon.

Je laisse la Starliner derrière moi et sors de l'atelier avec plusieurs des employés. Kowalski attends au milieu du parking avec le derrière posé sur la selle d'un fatboy à la ligne bien équilibrée. Je m'attendais à un chopper mais ce custom softail est loin d'être hideux. Tout en m'allumant une clope, mes pas me conduisent à la bécane avant que je ne commence à en faire le tour en la détaillant. L'échappement se fond parfaitement dans la ligne général et le phare va parfaitement avec le gros réservoir. Tirant sur mon clou de cercueil, je hoche la tête, j'ai un bon employé devant moi. Si toutes ses bécanes bénéficieront de la même qualité, Trinity Choppers fera bientôt couler de l'encre.

Chouette bécane Kowalski.

Il doit crever d'envie de faire une virée au guidon de sa bécane. Un biker privé de deux roues pendant un bon moment ne se fera certainement pas prier pour aller rouler un peu. Ce mec doit avoir les bécanes dans le sang comme j'ai les muscle cars comme passion.

Va faire un tour, tu reprendra le taf demain matin.