Un client de choix [Coddy]

Il y a cinq ans, Jack était un mec qui se contentait de peu. Il ne rêvait pas de grosses fortunes, et se fichait pas mal du luxe. Lorsqu'il avait acquit sa Lamborghini, il avait longtemps pensé que c'était la chose la plus chère qu'il se serait payée au cours de sa vie.

Seulement voilà, aujourd'hui Jack était à la tête d'une petite fortune, qu'il n'aimait pas voir inutile. Il prenait goût à tout cela. Etait-il en train de changer ? Un peu, certainement, mais il y avait une chose qui restait telle qu'elle était : sa passion pour les bagnoles.

Cependant, il avait prit goût au changement, et rouler toujours dans la même caisse ne le satisfaisait plus. Cela faisait longtemps qu'il s'était fait à l'idée de conduire chaque jour ce petit bijou. Maintenant, il lui fallait autre chose.

Et c'est donc tout naturellement qu'il décida de se rendre de bon matin vers le garage, ce même garage où il avait travaillé comme un simple mécanicien à ses débuts en ville... avant d'en devenir le propriétaire. Puis de le vendre quelques années plus tard à son ami, Coddy McQuarters.

Coddy avait vraiment su faire quelque chose de cet endroit. Il lui avait redonné une jeunesse, ce que Jack n'avait pas vraiment su faire. Jack ne s'était pas trompé lorsqu'il avait pensé, très tôt, que Coddy irait loin, alors que ce dernier n'était à l'époque qu'un mécanicien. Comme Jack l'avait été.

La Lamborghini venait de s'arrêter devant le garage. Ce qu'il y avait de bien avec cette caisse, c'est que dès qu'on la voyait, on savait tout de suite que c'était la voiture de Jack Walston, vu le nombre de runs qu'il avait gagnés au volant de celle-ci. Aussi les employés du garage purent savoir d'avance qu'ils avaient la visite de l'ancien proprio.

- Salut tout le monde, dit Jack en descendant du véhicule. Coddy est là ?

J'ai la tronche sous le capot d'une Mercury dans l'atelier hotrod à changer l'alternateur pour un autre de plus gros ampérage lorsque j'entends le bruit d'un V10 italien résonner dans la cour du garage. Je ne connais pas des tonnes de bagnoles comme ça en ville et la seule qui est pilotée comme il se doit est celle de mon chef de gang et ancien patron au garage, Jack Walston.

Je fini le serrage de l'alternateur et dépose la clé à cliquet sur la servante d'atelier avant de m'essuyer les mains sur un chiffon et de quitter l'atelier pour la cour. Je vois sur le parking la Gallardo de Jack, c'est bien lui qui est passé ici. Je me demande bien ce qu'il viens faire par ici... Visite de courtoisie ou proposition de courir? Le seul moyen de le savoir est d'aller lui demander.

Je me dirige vers Jack avec le sourire au lèvres. Kira qui refait surface et Jack qui reviens aux affaires. Mes deux adversaires préférés qui réapparaissent presque en même temps, j'adore cette idée. Je lui tends la main et nous échangeons une poignée franche.

Je me demande ce qu'il pense de son ancien garage, j'ai fait changer pas mal de chose depuis qu'il me l'as vendu. Mais ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus pour l'instant. Je doute qu'il soit venu se faire une petite séance nostalgie.

Salut Jack. Je peux t'aider?

Cela faisait quelque temps en effet que Jack et Coddy ne s'étaient pas croisés. Jack avait fait de Coddy le second du gang des Flamz-up, honneur qu'il méritait bien. Puis le jeune chef des Flamz-up avait été pas mal occupé par la suite, entre les funérailles de son frère, le rachat de la boîte de strip' et toute la paperasse qui s'est ensuivie. Sans compter les emmerdes qu'il risque d'avoir prochainement avec les anciens associés de Matthew. Mais pour l'instant, tout était plutôt calme.

Aussi, c'est le sourire aux lèvres que Jack serra la main de ce bon vieux Coddy. Ce gars-là était bel et bien son adversaire favori, au même titre que l'avait été Kévin Blackwel par le passé, mais ce dernier ne donnait plus signe de vie depuis un bout de temps. Jack ignorait dans quoi celui-ci s'était lancé. Il y avait aussi Kira, mais Jack ignorait encore que cette dernière venait de revenir à Trinity.

- Sûrement, Coddy. Tu vois, j'avais envie de m'acheter une ou deux nouvelles caisses, et j'ai pensé que tu pourrais m'aider. Et puis, les petites merveilles de ton atelier hotrod font beaucoup de bruit en ville, et je me suis dit que ce serait dommage de ne pas en profiter.

Tous deux savaient déjà qu'ils allaient se retrouver prochainement pour disputer une course de dragster. Cela serait plutôt amusant pour Coddy de préparer la voiture de son adversaire. D'aucuns profiteraient de l'occaz' pour l'handicaper, mais Jack avait assez confiance en lui pour savoir que Coddy préférait perdre plutôt que de l'emporter sur une victoire pas clean.

- Qu'est-ce que t'as de sympa en stock ?

Ca ne m'étonne pas de lui, il veux agrandir sa collection de voitures. Je sais que c'est un passionné, tout comme moi, on ne deviens pas le chef d'un gang de tuneur comme les Flamz-Up par hasard et j'ai l'honneur d'être son second. Je lui adresse un sourire doublé d'un signe de la tête lorsqu'il me complimente sur la qualité des voitures qui sortent de la Hot Rod Factory. En tout cas, je suis flatté qu'un amateur de bagnoles dans son genre vienne ici pour s'en acheter une nouvelle. Mais je connais le client, il est exigent et il va falloir que je trouve mieux que les voitures qui sont sorties de l'atelier pour l'instant. Il lui faut quelque chose de vraiment efficace, ça va faire une course du tonnerre si j'aligne ma Charger ou ma Camaro de 69 et son moteur de Nascar en face. Deux des meilleurs pilotes de la ville avec deux des voitures les plus rapides, l'affiche est alléchante. Mais il faut d'abord que je lui trouve quelque chose de véritablement décoiffant.

En tant que chef du gang des Flamz-Up, il ne paye pas les pièces à la casse ou au garage. Je vois bien une solution... La Pontiac GTO de 2004 en vente au garage. Elle possède déjà un 350ci sous le capot. J'avais en tête un projet sur cette base à une époque mais j'ai trouvé plus intéressant pour moi quand j'ai trouvé ma Dodge Charger 500. Elle a du potentiel et elle peut facilement devenir aussi bestial visuellement que mécaniquement.

Je me tourne vers la partie du parking ou sont les voitures à vendre et indique du menton la Pontiac à mon chef de gang. Elle est banale pour l'instant, mais j'ai déjà en tête quoi faire dessus et elle ne le restera pas longtemps si Jack est d'accord avec mon idée.

J'te propose la GTO de 2004, je m'occupe personnellement de la supervision du projet et on te sort un monstre capable de rivaliser avec celle que je viens de finir de préparer pour la course de dragster. T'en pense quoi?

Jack était curieux de voir ce que Coddy allait lui proposer, mais il savait déjà qu'il ne serait pas déçu. S'il était venu ici, c'est parce qu'il savait que personne ne pourrait trouver meilleure bagnole pour lui que ne le ferait Coddy. Jack voulait taper dans ce qui se faisait de mieux, et à Trinity, c'était à cette porte-là qu'il fallait frapper maintenant. Et en plus d'exceller en mécanique, Coddy voulait du défi. Nul doute qu'il allait lui préparer un monstre à quatre roues rien que pour avoir un challenge plus difficile.

Après quelques instants de réflexion, ce fut la Pontiac GTO de 2004 qu'il lui indiqua. La voiture ne présentait pas de modifications à l'apparence, mais il était probable que Coddy avait déjà modifié deux ou trois trucs sous le capot. Cette caisse avait de l'allure, et on avait moyen d'en faire un petit chef d'oeuvre. D'autant plus qu'elle avait un côté moderne qui plaisait à Jack, tout en restant une américaine fidèle aux goûts de Coddy.

- J'en pense que ça m'intéresse. Je suis curieux de voir le résultat. Et je sais déjà que tu vas me faire une vraie machine à tuer le goudron, alors c'est ok pour moi.

Il s'approcha un peu de la voiture, faisant le tour de celle-ci, scrutant le moindre détail. La Pontiac lui plaisait bien et le modèle lui avait déjà tapé dans l'oeil auparavant, bien que jusque-là il n'ait pas été jusqu'à l'achat.

- Te fais pas de bile pour ce qui est du prix, je payerais ce qu'il faudra.

Moteur V8, 350 chevaux... une petite bête puissante d'origine, mais rien comparé au monstre qui sortira de la Hot Rod Factory une fois que Coddy aura terminé ses modifications.

En général, j'arrive facilement à cerner les gouts automobiles de quelqu'un et il semble que j'ai fait mouche encore une fois. Nous nous sommes approchés de la GTO tout en parlant. Pour l'instant, elle est full stock, aucune modif dessus. Pour ce que je compte faire dessus, c'est pas plus mal, ça évitera de supprimer les modifs légères pour pouvoir sortir une caisse qui envoie vraiment la cavalerie lourde. Avec le projet que j'ai en tête, on va devoir modifier aussi la carrosserie.

Je me retourne en direction de l'atelier et interpelle le premier mécano qui passe par là. La Pontiac va tout de suite rentrer dans l'atelier, le chef des Flamz-Up mérite bien qu'on s'occupe de sa caisse avant le client lambda, et puis comme ça, on ne risquera pas qu'un client soit intéressé par l'achat. Je siffle pour attirer l'attention du mécano qui se retourne en m'entendant.

Jeff! Tu me rentre la GTO à la HRF. Tu fait gaffe elle est pour Jack.

Il me dit ok en levant le pouce avant de disparaitre dans l'atelier pour aller chercher les clés. Comme ça, je mettrais deux gars dessus dès demain matin mais vu l'ampleur des travaux ça risque de prendre deux ou trois semaines.

Je me retourne vers Jack pour lui en dire un peu plus sur le projet que j'ai en tête. V8 biturbo, voies élargies et intérieur cuir pour la touche de classe. Il est quand même le chef du plus grand gang de tuneurs de la ville et proprio d'entreprises de spectacle. Un mec comme lui ne se balade pas dans une caisse qui n'ai pas un minimum la classe.

J'pensais à un 350 biturbo avec échangeur air/air, des trains roulants élargis sous des ailes élargies, un petit becquet discret pour l'appui et un interieur cuir bi-ton pour rappeler la couleur de la peinture. Classe et efficace sur la piste. Le projet te va?

Un type était déjà parti chercher les clés de la GTO. Coddy ne perdait pas de temps. Pensait-il pouvoir terminer le travail pour la course de dragster qui allait bientôt les réunir ? Aucune chance, même avec le talent de Coddy, il faudrait quelques semaines pour achever un travail parfait, et la course se tiendrait sous peu. Tant pis, les deux hommes se retrouvaient bien sur la piste à une autre occasion.

Coddy lui dévoila les projets qu'il avait en tête concernant le véhicule. Cela semblait être inutile que Jack réponde qu'il était d'accord, tant ça semblait évident, mais il le fit quand même :

- C'est parfait, Coddy.

Maintenant qu'ils étaient d'accord, le plus dur restait à faire : préparer ce monstre du côté de Coddy, et patienter du côté de Jack.

En attendant, il se ferait une idée de ce que pouvait faire la Hot Rod Factory lorsqu'il affronterait Coddy pour l'épreuve de dragster. Les chances de sa Lamborghini, qu'il n'avait pas beaucoup trafiquée depuis qu'il l'avait, allaient être réduites mais il pouvait quand même compter sur la puissance de l'italienne.

Jetant un coup d'oeil autour de lui, Jack remarqua avec étonnement la présence de la Mustang de Kira. Ce qui pouvait doublement le surprendre, puisque Kira roulait en Corvette les dernières fois qu'il l'avait vue, et surtout parce qu'elle avait quitté Trinity depuis un certain temps. Néanmoins, il n'était pas inhabituel de la voir disparaître pendant quelque temps puis revenir en ville.

- Tiens, Kira est revenue ?

Jack est d'accord, ça ne m'étonne pas plus que ça, je commence à le cerner le bonhomme. Il aime le confort et les performances, tout comme j'aime les muscle cars bourrées d'anabolisants. Chacun son truc, mais le mien en tant que patron de ce garage est de faire en sorte que mes clients soient satisfaits. Surtout quand le client en question est mon chef de gang. Je n'aurais pas le temps de boucler la caisse avant la course de dragster. On est dans la réalité ici, pas dans un show télé ou les voitures se construisent seules en une semaine. C'est dommage, j'aurais bien aimé mesurer ma Camaro et son SB2 à la GTO. Je me contenterais de battre son italienne.

Finalement, j'ai fait du chemin depuis mon arrivée. J'ai commencé comme simple mécano ici même en roulant avec un Ford F-150. Maintenant, j'ai un entrepôt plein de bagnoles qui m'appartiennent et je suis le propriétaire du garage et de la casse, ainsi que le second de Jack au sein du gang. Les choses changent... Mon premier objectif est atteint, j'ai fait mon trou, il me reste maintenant à prouver que je suis le meilleur pilote de la ville.

Jack avise la Mustang de Kira. Voir cette caisse me fait penser à l'épave de Corvette qui lui appartiens et qui risque de passer à la presse. Mais bon, ma meilleure ennemie est revenue et je suis bien content que ce soit le cas.

Ouais elle est revenue. J'essaierai de l'enrôler à nouveau dans le gang un de ces quatre... J'te tiens au jus dès que ta Pontiac est prête.

Je tends la main à Jack pour prendre congés, je suis content qu'il soit passé mais pour l'instant j'ai du boulot et ce n'est pas sur mes caisses personnelles.

Kira revenue... tiens donc. Jack se demandait où elle avait bien pu encore passer, mais cela ne le regardait en rien et puis, il ne savait pas si Kira et lui avaient encore des choses à se dire. Après avoir rompu, ils avaient réussi à retrouver une certaine forme d'amitié quelque temps plus tard, puis s'étaient de nouveau perdus de vue. La dernière fois que Jack avait vu Kira, celle-ci en était venue aux mains avec Emily Stevenson, sa compagne du moment. Compagne qui avait, elle aussi, disparu sans laisser de traces, à croire que c'était l'hécatombe parmi les conquêtes du chef des Flamz-up.

Néanmoins, Coddy semblait avoir en tête de ramener Kira dans le gang. Idée judicieuse, Kira était quelqu'un qui pourrait leur apporter beaucoup.

Il était temps maintenant de prendre congé. Coddy avait apparemment beaucoup de boulot, ce qui ne surprenait pas Jack. Cela faisait plaisir à voir, la façon dont Coddy se plongeait dans son travail et s'investissait à cent pour cent pour cet endroit. Un passionné comme on n'en faisait plus.

- Eh bien, je te remercie Coddy. On se revoit à l'épreuve de dragster, mais ça pourrait être sympa aussi d'aller boire un verre un de ces quatre. On en reparle.

Les deux hommes échangèrent une poignée de mains, et chacun repartit vers ses propres activités.

J'arrive au garage avec un peu de retard ce matin, il a fallut que je fasse un détour par la casse qui se trouve à l'opposé par rapport à mon domicile. J'avais prévu le coup et pris mon Impala, ma caisse la plus confortable. J'entre sur le parking du garage en coupant la sono de ma full-size et viens la garer à ma place réservée. En sortant de ma berline noire, je repère la GTO pour Jack de l'autre coté du parking. Mes gars viennent de la finir, je vais pouvoir m'amuser un peu à son volant en faisant les tests, un des privilèges du patron.

Je m'approche de la caisse, elle est méchamment bestiale avec son kit large et ses énormes jantes de 20" à gros déport. Pour l'instant je ne vois que l'arrière, je n'ai pas encore fait le tour. Je me demande si le kit rends bien une fois peint, s'il sors bien comme je l'espérais. J'aurais très bien pu me planter et comme cette caisse est pour mon chef de gang je suis un peu plus stressé que pour les autres caisses réalisées par mes gars. Je passe sur le coté, les ouïes dans les ailes arrières larges sont géniales. L'intérieur cuir est terrible avec la couleur accordée à la carrosserie. Je fini de contourner la Pontiac et mate l'avant. Mais pourquoi je lui ai proposé ça? J'ai sacrément envie de la garder pour moi maintenant que je l'ai sous les yeux.

Je vais à l'atelier en mettant les clés de mon Impala SS dans ma poche pour récupérer celles de la future GTO de Jack. On a réussi à en faire quelque chose de bestial avec une touche classe. Je trouve qu'elle va parfaitement avec Jack. Je récupère les clés et retourne rapidement à la Pontiac. Je m'installe au volant et démarre le V8 qui s'ébroue sans heurts. La ligne inox donne juste ce qu'il faut comme volume. Agréable à l'oreille mais assez sage pour être supportable sur un long trajet. Je boucle ma ceinture de sécurité et enclenche la marche arrière pour sortir de la place de parking. Le moteur tourne comme une horloge et retrouve un ralenti stable sans sourciller. J'appui quelques coups sur le champignon pour jouer avec l'aiguille du compte-tours. Ce moteur ne demande qu'à prendre des tours.

Je passe la première et sors la GTO du parking. Je m'arrête à l'entrée et engage, après un coup d'œil, la bagnole dans la circulation. Sur le premier bout de ligne droite libre, je teste la direction puis les freins. Sur un freinage bien appuyé, je regarde qu'elle freine bien en ligne. Une fois rassuré sur ces deux points et le moteur chaud, j'écrase le champignon. Alors que le compresseur se met à siffler comme un serpent en colère, l'aiguille du tachymètre est prise de folie et grimpe vers la zone rouge à une vitesse folle. Je coupe à moitié les gaz et passe le rapport supérieur avant d'écraser la pédale à nouveau. Les pneus accrochent et catapultent la GTO vers l'avant.

Je relâche aussitôt les gaz et fait demi tour. Dommage que je manque de temps, sinon j'aurais poussé un peu plus les tests pour le plaisir. J'ai hâte d'affronter Jack et cette caisse, enfin de la concurrence sérieuse pour ma Charger ou ma Camaro de 69. Je reviens au garage et gare la GTO ou elle était auparavant avant d'en descendre et de la verrouiller.

Je passe par l'accueil et demande à notre hôtesse préférée de prévenir Jack que son nouveau missile sur roues est prêt avant de retourner à mes affaires moins marrantes dans mon bureau.

Spoiler:

C'est de bon matin que Jack fut tiré de son sommeil par un coup de téléphone. Le jeune homme grommela d'abord, éprouvant du mal à émerger, mais ce coup de fil était peut-être important. A contrecoeur, il se tira des couvertures et se dirigea, l'air à demi éveillé, vers le téléphone.

Et pourtant, ce que lui apprit la charmente hotesse de Coddy sembla lui donner un regain d'énergie, sûrement plus que tout le café qu'il aurait pu boire ce matin-là.

Cela avait eu un tel effet que quinze minutes plus tard, il semblait tout frais et en pleine forme, alors qu'il quittait la villa de Washington Street, au volant de la Lamborghini. Cela l'étonna lui-même puisqu'il vérifia en cours de route s'il s'était bien habillé avant de sauter dans la voiture.

Bref, peu de temps après, il était arrivé au garage. Ce dernier se trouvait assez près, puisqu'il était situé sur le territoire des tuneurs. Jack gara la Lamborghini rapidement, et descendit sans prendre la peine de s'assurer qu'il s'était garé correctement. Il entra dans le fameux hall, et chercha Coddy parmi les personnes présentes au garage ce matin-là.

- Coddy est là ? demanda-t-il à un employé, d'une voix où l'on distinguait une certaine excitation, l'excitation à l'idée de découvrir le nouveau bolide qu'on lui avait préparé.

Le nez dans les papiers, j'entends un moteur italien hurler dans la rue et entrer sur le parking du garage. Je relève le nez à ce bruit et voit Jack arriver avec sa Lamborghini. La vache, il est impatient de voir sa GTO... je n'ai même pas eu le temps de boucler le premier dossier avant qu'il n'arrive. Le voir comme ça m'arrache un sourire. Je le comprends parfaitement, je suis moi même impatient à chaque fois qu'une de mes caisses sort du garage, même si j'ai plus tendance à faire le boulot moi même sur les miennes. Ma Stingray est la première qui ne soit pas entièrement passée entre mes mains, tout le monde change.

Je dépose le dossier sur mon bureau et attrape mes clopes avant de me lever pour aller rejoindre Jack. Je quitte mon bureau d'un pas décidé en direction de l'atelier. Mon chef de gang est bien là en train de me chercher, avant de le rejoindre pour de bon, je passe par le tableau et récupère les clés de la Pontiac que j'ai déposées plus tôt avant d'aller à mon bureau.

Je le salue de loin pour qu'il arrête de me chercher, il a déjà assez mariné. Je le vois à son visage... il est excité comme un gosse le matin de noël.

Salut Jack, elle est dehors.

Je lui indique la grande porte de l'atelier et en prends la direction. La Pontiac modifiée est garée à coté de la Belair, j'espère qu'il en sera content.

Coddy ne tarda guère à apparaitre, pour le plus grand bonheur de Jack qui ne voulait pas attendre plus longtemps. Un vrai gosse, oui, vraiment... impatient de découvrir la surprise qui l'attendait. Et encore plus de conduire ce petit bijou. Jack marcha vers Coddy alors que celui-ci arrivait. Coddy ne perdit pas de temps, comprenant que Jack n'était pas vraiment disposé à attendre.

- 'Lut Coddy. Allez, allons voir ça.

Les deux hommes se dirigèrent aussitôt vers l'extérieur, traversant la porte de l'atelier. Jack regardait devant lui, impatient de voir la GTO comme s'il s'apprêtait à voir apparaître la vierge.

Elle apparut enfin, sous ses yeux, divinement belle. Non, je ne parle pas de la vierge, je parle de la Pontiac GTO. A voir l'expression de son visage, presque en train de baver si on exagérait un peu, on aurait pensé avec certitude que Jack venait de tomber amoureux. Amoureux d'une voiture... mais non, son orientation sexuelle était toujours la même, rien n'avait changé.

Il s'approcha de la voiture, et examina lentement la carrosserie, scrutant celle-ci à la recherche de la moindre rayure. La peinture était parfaite, et cette couleur orange lui donnait un certain charme.

Jack se tourna vers Coddy. Il ne voulait pas se montrer impoli mais il était tellement impatient de la conduire... il avait apprécié l'extérieur, maintenant il devait goûter à la sensation de s'installer au volant de ce petit bijou. Après quoi, il allait devoir dépenser une certaine somme pour l'acquérir, mais cela n'était à ses yeux qu'une simple formalité... il avait largement les moyens de s'offrir ce petit plaisir. Il risquait même d'acheter d'autres véhicules provenant du Hot Rod Factory prochainement. Coddy allait avoir du travail.

- Elle est superbe. Du bon boulot.

Il attendait maintenant de connaître le prix, mais quel que soit le montant, il arriverait à dépenser un gros chèque avec plaisir.

Jack inspecte la GTO avec une expression avide sur le visage. Il scrute chaque centimètre de carrosserie. Tu peux chercher longtemps chef! Mes gars ont encore fait un sans faute avec ta caisse. De toute façon, ils savant très bien le niveau de qualité que j'attends de chacune des caisses qui sort de l'atelier. Des véhicules parfaits sont notre meilleure vitrine et pilotés par des pilotes comme Jack cela devient de la pub parfaite. On nous paye pour nous faire de la publicité. Que demander de plus?

Il se retourne ensuite vers moi, je vois bien à son visage qu'il est pleinement satisfait. J'ai le sourire à le voir faire, on a un client satisfait en plus et je vois qu'il est impatient de l'essayer. Pour l'avoir fait avant lui je sais qu'il ne sera pas plus déçu par la mécanique que par la carrosserie.

Elle est superbe. Du bon boulot.

Je veux que ce soit du bon boulot... J'exige de mes gars ce que je fait sur mes caisses. Pas de place pour l'approximation et une qualité au top avec les meilleures pièces. Mais il a raison sur un autre point, cette caisse est splendide. J'avais ce projet dans un coin de ma tête depuis un bail et je suis presque déçu de ne pas pouvoir la garder.

Parlons pognon maintenant, en tant que chef du gang, il ne paye que la caisse de série, pas les pièces. La facture est vite faite, 45 000$, pas un de plus malgré tout le travail fait dessus. C'est une sacrée affaire qu'il fait là.

Et elle sera à toi quand tu aura déposé 45 000$ au comptoir. En tout cas, merci.

45.000$ pour cette petite merveille ? Jack crut un instant que Coddy se fichait de lui, avant qu'il se rappelle que les pièces lui étaient offertes. Il payait le prix du véhicule de série... le luxe le plus complet, quoi. Pendant un instant, il ne sut quoi dire... c'est probablement pour ça qu'il ne dit rien.

Le sourire aux lèvres, il sortit tout simplement son chéquier, et hop ! En quelques instants à peine, un petit bout de papier d'une valeur de 45.000$ trônait sur le comptoir. C'était pas tous les jours que Jack claquait si gros et il n'avait même pas l'impression d'avoir dépensé quoi que ce soit. Il avait seulement en tête la GTO, qu'il allait enfin pouvoir conduire.

- Eh bien, en ce cas elle est à moi maintenant, dit Jack.

Il n'attendait plus que les clés pour serrer la main de Coddy et le laisser vaquer à ses occupations, tandis que lui irait faire une petite virée, il ne savait pas encore où. Un de ces potes passerait plus tard au garage récupérer la Lamborghini et la ramener à la villa. Jack ne voulait pas se faire chier avec ça. Il n'avait qu'une hâte, débouler sur le terrain vague au volant de la GTO et voir un peu la tronche que feraient tous les tuneurs à la vue de sa nouvelle acquisition.

Et il avait encore plus hâte d'affronter Coddy avec cette caisse. Sa dernière défaite lui restait entre les dents et il était temps pour lui de se faire une santé. Cela faisait trop longtemps qu'il ne courrait que de façon occasionnelle. Il était temps pour lui de se relancer vraiment dans la compétition. De plus, il y avait un tas de gars qui attendaient impatiemment d'affronter le chef des Flamz-up, et le chef des Flamz-up attendait impatiemment de leur mettre à tous une branlée dont ils se souviendraient.

Jack fait une mine étonnée en entendant le prix. Visiblement il avait oublié que les pièces lui étaient offertes ici, tout comme à la casse. Privilège du chef des Flamz-Up que je ne vais certainement pas lui contester maintenant même si cette GTO sors du meilleur atelier de hotrods de l'état.

Lorsqu'il file au comptoir pour y déposer le chèque, je m'assoie sur l'aile de la caisse d'à coté et sors les clés de la Pontiac de ma poche. J'ai pour principe de toujours avoir les clés sur moi lorsqu'un client viens chercher sa voiture. Il a déjà assez attendu comme ça, inutile de prolonger l'attente en aller chercher les clés au tableau. J'ai quand même un petit pincement au coeur à la voir partir, comme chacune des caisses fabriquée par mes gars. Mais je sais que celle là sera maniée comme elle doit l'être et j'ai hâte d'affronter Jack pour voir de quoi elle est capable entre ses mains.

Lorsqu'il reviens, je le regarde avec un regard amusé et une fois à quelques mètres, je lui lance le trousseau qu'il attrape d'un geste sûr et précis. Ca ne m'étonne pas de lui, il est impatient de faire un tour avec et je le comprends.

Vas t'amuser avec, on se retrouvera sur la piste.

Je lui dis ça accompagné d'un clin d'œil. Je sais qu'il ne pourra pas refuser un run contre moi et ma Camaro de 69. Contre cette caisse il me faut la meilleure de mon garage. On a pas fait les choses à moitié et avec Jack au volant cette Pontiac va être dure à battre à la régulière sur la piste.

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